À quoi servent les banques centrales ?

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Inflation. C’est le mot qui est sur la bouche de tous les investisseurs et de tous les économistes ces derniers temps. Les prix ont augmenté de 4% dans la zone euro en octobre 2021 comparé à octobre 2020. Dans les différents pays européens, on atteint 2,6% d’inflation en France, 2,9% en Italie, 5,4% en Espagne et 4,6% en Allemagne sur la même période. Aux États-Unis, aussi, les chiffres affolent les observateurs avec une inflation de 6,2% entre octobre 2020 et octobre 2021.

Si les chiffres sont impressionnants et atteignent des sommets que l’on n’a pas vu depuis la crise financière de 2008 il existe des organismes dont une des principales missions est de garantir la stabilité des prix. On les appelle les banques centrales. Mais que sont-elles vraiment et comment fonctionnent-elles ? Regardons tout cela de plus près.

C’est quoi une banque centrale?

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Les banques centrales sont en quelque sorte les banques des banques. Elles sont chargées de superviser la création de monnaie pour le système bancaire, la politique monétaire. Elles ont aussi pour mission d’assurer le bon fonctionnement des banques au niveau de la réglementation mais également de leur solvabilité…

Il n'existe qu'une seule et unique banque centrale par pays ou par zone économique, dans le cas de la zone euro. Les banques centrales ne sont pas forcément des établissements publics (aux Etats Unis, la banque centrale est plus ou moins liée aux pouvoirs politiques…). Même si elles ne sont pas forcément des institutions publiques, elles ont toutefois comme mission de servir l'Etat, puisqu’elles sont les seules institutions à pouvoir émettre de la monnaie.

Parmi les plus importantes banques centrales au monde, on retrouve la Federal Reserve aux États-Unis, et la Banque centrale européenne, qui est chargée de la politique monétaire de la zone euro. Elles ont respectivement à leur tête Jerome Powell, qui vient d’être renouvelé pour un second mandat de quatre ans et Christine Lagarde, première femme à être nommée à la tête de la BCE.

Comment les banques centrales influencent l’économie via les taux d’intérêts

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La principale mission des banques centrales est de garantir la stabilité des prix et de contrôler l’inflation. Pour celà, elles ont un outil majeur à leur disposition : les taux directeurs. Il s’agit des taux auxquels les banques commerciales et les États empruntent auprès de leur banque centrale. Le principe général est relativement simple.

Des taux d’intérêts bas ont pour but d’inciter à la consommation (augmentation de la demande) impliquant de ce fait une tendance à la hausse des prix. Cette politique de bas taux d'intérêt est appelée politique expansionniste ou accommodante (car dans le but de favoriser la consommation). C’est exactement la situation dans laquelle nous nous retrouvons actuellement, avec des taux d’intérêt historiquement bas qui ont pour but de soutenir la consommation depuis le début de la pandémie de Covid-19

A l'inverse, les banques centrales peuvent également décider d’augmenter leur taux d'intérêt. Le but dans ce cas est d’inciter les agents économiques à moins emprunter, à moins consommer (baisse de la demande), ce qui implique une tendance à la baisse des prix. Cette politique de lutte contre l'inflation par de hauts taux d'intérêt est une politique restrictive (car elle engendre une baisse de la consommation). C’est d’ailleurs ce qui pourrait se passer en Europe et aux États-Unis dans les prochains mois. Maintenant que la consommation est repartie à la hausse, les banquiers centraux envisagent de plus en plus sérieusement d’augmenter les taux directeurs, afin de lutter contre l’inflation. Le mouvement a même déjà commencé dans plusieurs pays européens : la Norvège, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque ou encore la Roumanie ont déjà commencé à augmenter leurs taux directeurs.

Comment les banques centrales influencent l’économie via l’achat d’obligations

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Si le principal outil à la disposition des banques centrales est la modification des taux d’intérêt, elles peuvent également influer sur l’économie en effectuant des achats d’obligations, le plus souvent d’État. Pour ceux qui ne se rappelleraient pas de ce que sont les obligations, disons en un mot qu’il s’agit de prêts que l’on fait à des entreprises ou à des entités publiques, qu’elles sont censées rembourser à une échéance fixe et sur lesquels vous percevez des intérêts. Pour en savoir plus, jetez un coup d'œil à notre leçon sur les obligations.

Acheter des obligations permet aux banques centrales d’injecter de l’argent dans l’économie en utilisant la monnaie qu’elles émettent. C’est ce qu’on appelle le quantitative easing. Bien souvent, les politiques de taux d’intérêts bas et de quantitative easing vont de paire, puisqu’elles ont pour but d’amoindrir la pression sur l’économie pour relancer la consommation. C’est ce qui se passe actuellement, puisque les banques centrales européennes et américaines achètent de grandes quantités de bons du trésor afin de soutenir l’économie, tout en ayant des taux d’intérêts bas pour relancer la consommation.

Mais, encore une fois, il se pourrait bien que nous arrivions à échéance de cette période de fort investissement des banques centrales dans l’économie. Si la croissance est revenue, l’inflation galope. Les banquiers centraux ont donc une solution à leur disposition : le tapering, (littéralement le resserrement en français). Le but ici est de réduire petit à petit les achats d’obligations effectuées par les banques centrales, car ceux-ci sont financés par la monnaie qu’elles créent et favorise donc l’inflation.

Quelle influence peut avoir le tapering sur les marchés financiers ?

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L’inversion à venir probable de la politique des banques centrales pourrait avoir deux conséquences néfastes pour les investisseurs.

Tout d’abord, le tapering pourrait engendrer une remontée brutale des taux d’intérêt. Si les banques centrales font baisser les taux en achetant des titres sur les marchés financiers, elles risquent, au contraire, de les faire remonter en procédant à la revente de ces titres.

De plus, l’arrêt des achats d’actifs pourrait entraîner une diminution de la liquidité. Si les banques centrales créent de la monnaie pour acheter des titres, elles détruisent inversement cette monnaie lorsqu’elles les cèdent.

Les impacts sur les bourses peuvent être nombreux. Par exemple, les valeurs technologiques ou liées à l’environnement, dont les valorisations reposent en partie sur des hypothèses de taux d’intérêt, pourraient notamment en pâtir. La diversification reste le meilleur rempart contre une correction des bourses mondiales liée au tapering.

Au final, les banques centrales sont un peu les pompiers de l’économie. Quand les choses vont mal, elles agissent en abaissant les taux et en injectant de l’argent dans l’économie via le quantitative easing. Mais attention à ne pas inonder le système économique, sinon c’est l'inondation assurée, pardon l’inflation.

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